Dans une alternance de mélodies écrites et improvisées, de sons distordus, de grondements mais aussi de silences, les musicien.ne.s délivrent une interprétation d’une grande richesse. On voit une Fanny Lasfargues habitée, qui extirpe des sons inédits de son imposante basse ou laisse tourner une ligne mélodique qui semble l’emporter, créant des vagues sonores qui l’enrobent. Natacha Muslera investit la scène et la salle, plaçant sa (ou ses) voix dans l’espace. La batterie de Fabien Duscombs suggère une pulsation, produit des (dé)roulements, des claquements organiques, comme articulés. Mathieu Werchowski, en conducteur de machines, impulse les directions que prend l’ensemble et vient rejoindre Robin Fincker pour des interventions mélodieuses.
De l’émouvant « Frames of Gold » à la poésie de « Le Jardin des amours », en passant par la turbulence de « Les Voix », cette création anticipée et spontanée d’un folklore en devenir conjugue tant d’exercices de style à la fois qu’il aurait été facile de s’y perdre. Loin de là, on perçoit dans la multitude des approches du concept de tradition une cohésion, parce qu’aucune voix ne compte plus qu’une autre. Le folklore est vivant, il se réalise tout au long de cette œuvre d’une grande justesse.
par Raphaël Benoit // Publié le 11 décembre 2022