"Capter la musique au moment où elle se construit et quand elle se projette au-delà du plateau pour aller à la rencontre du public, est souvent source d’émerveillement. Là, ce fut clairement le cas. C’est aussi une sorte d’aboutissement d’un chemin emprunté ensemble depuis plus d’une décennie.
Flirtant éhontément avec certaines des musiques populaires les plus poétiques, la bande de Bedmakers fait son lit des influences, des affluents, les plus libres. Le souci de la pulsation est au cœur de l’aventure comme pour mieux permettre aux solistes de laisser porter leurs voix au plus loin, plus profondément, au cœur de thèmes qui apparaissent, disparaissent, construisent, déconstruisent, mêlant le son du ténor ou de la clarinette, du violon, croisant leurs feux tour à tour dans un discours fluide et souvent impétueux, qui dit de l’époque, de l’histoire en mouvement.
Ailleurs mais ici en même temps, c’est la lande irlandaise, mais pas seulement, qu’on aperçoit au détour de l’évocation d’un chant, d’une danse imaginaire. Imaginaire comme cet orchestre décidément populaire nourrit aux embruns de contrées espérées, agitées par des vents dont les noms oubliés continuent à alimenter les rêves.
Le lyrisme libre et puissant de l’ensemble nous pousse dans d’heureux retranchements, inventant un lieu commun à partager, chargé d’esprits immémoriaux, nous réconciliant avec l’humanité, la nature, qui décidément nous rappelle qu’au-delà la musique, c’est la mémoire qui réinvente à chaque instant la joie de l’expression artistique ici à son apogée."
Philippe Ochem